Ils ont bravé le confinement !

Invité Jeu 14 Mai - 9:23

Les auteurs des récits suivant ont bien entendu masqué leur identité; il n'en reste pas moins que le récit est remarquable, tant par l'exploit sportif que par les conditions extrêmes dans lesquelles il a été réalisé.

Invité Jeu 14 Mai - 9:26

16 mars 2020, 20 heures 15.

Le Président de la République nous annonce, sans le savoir, la fin de la saison de ski de rando des JMB, conséquence des mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus dans le pays. « à partir de demain midi, nos déplacements seront fortement réduits… » déclarait-il, tout en ne prononçant pas le mot de « confinement », ce qui tranchait avec son franc-parler habituel.

Au vu de l’évolution de la situation sanitaire dans les premières semaines qui ont suivi, nous pouvions craindre le pire, et de fait, pour trop de personnes en France et de par le monde, le pire a été là, et est encore là aujourd’hui.

Nous étions tous abasourdis, presque groggys face à une situation que personne n’avait vu venir, mais où chacun a dû prendre la mesure de sa fragilité, mais aussi de sa responsabilité individuelle, pour le bien de tous et de chacun.

Malgré notre aisance en godille et notre jeu de jambes, nous n’avons pu esquiver le crochet du coronavirus qui nous a envoyés dans les cordes.

Et , reprenant tant bien que mal nos esprits, voilà que nous nous sommes mis à vivre au jour le jour, les agendas se sont vidés, les projets plus ou moins lointains se sont évaporés.

Pour autant, on voyait le forum des JMB qui continuait à être visité régulièrement, peut-être dans l’espoir de se raccrocher au passé, aux souvenirs, à quelque chose de connu, tout en sachant que pour les projets de ski, il devenait de plus en plus évident qu’il n’y aurait plus rien cette saison, et que finalement tout cela est bien futile. « Vanité des vanités, tout est vanité » (dans le sens de « futilité »).

Je pense que tous, nous avons appris à nous réorganiser pour maintenir une activité physique minimale nous permettant de maintenir une forme et des formes, acceptable pour l’une et plus ou moins esthétiques pour les autres, en espérant que cela nous soit utile un jour, ou peut-être le jour d’après… et que ce jour-là, un appareil photo nous saisirait en train de gravir puis de dévaler tel ou tel sommet.

Même s’il devient de plus en plus évident qu’en faisant cela, nous participons à la destruction d’une nature et de paysages que nous prétendons aimer, alors que c’est justement notre absence qui leur est bénéfique et les préserve. Mais, nous cachant tant bien que mal derrière le fait que d’autres feraient pire que nous, nous poursuivons gaillardement et frénétiquement dans cette voie.

Ce n’est pas le moindre paradoxe des skieurs de randonnée que de vouloir parcourir sans relâche les sommets, en ne laissant pas le moindre espace vierge de nos traces et le moindre endroit où les animaux peuvent être tranquilles loin la présence humaine. « Car tel est notre bon plaisir », pour reprendre une expression d’Ancien Régime.

Il faudra y réfléchir pour la suite, car comme disait un ancien futur Président de la République lors de sa campagne, « le changement c’est maintenant ».

Après cette introduction, passons au sujet principal et dérisoire de ces lignes.

L’approche de la fin de saison, et peut-être de la fin tout court, était dans beaucoup de têtes, et quelques-uns se sont mis, de concert mais à distance, à échafauder des plans pour terminer en beauté, tout en assurant le maximum de précautions pour éviter la propagation du virus, c’est-à-dire plus que ceux qui vont faire des courses trois fois chaque jour.

Donc disais-je, une idée a fini par germer séparément dans plusieurs têtes (ce qui est logique puisque nous n’avons pas dans le groupe de siamois rattachés par la tête), et cette idée était de faire une sortie avant que les températures douces et le soleil présents depuis mi-mars aient fait disparaître jusqu’au moindre arpent de neige.

Tout cela avec discernement, sens de la mesure et des responsabilités, évidemment. Mais avoir des principes, c’est bien, ça rassure et ça donne un cadre, et si ces principes sont assez malléables et qu’on peut les adapter comme on veut, c’est encore mieux. Sinon, c’est comme l’élastique du slip qui gêne, ou celui des chaussettes qui serre trop les mollets et laisse une marque quand on les enlève. Hélas le mieux est l’ennemi du bien, parait-il.

Quant à la destination, étant donné la date tardive, il nous a paru opportun de jeter notre dévolu, non sur le Dévoluy, mais sur le Mont Blanc, clin d’œil à un collègue dont c’était l’objectif final de la saison.

Avant tout, ce projet nécessitait une préparation et une organisation parfaites pour que la probabilité de succès soit maximale.

Tout d’abord, il fallait s’assurer de la rapidité de l’opération : une sorte d’opération commando, menée par un petit groupe très entraîné et rompu à affronter les imprévus et les conditions les plus difficiles.

Au niveau physique, pas de problème : après presque deux mois d’oisiveté absolue, les accus sont rechargés au maximum, les muscles parfaitement reposés, les 2,5 kg pris en moyenne par les Français pendant le confinement constituant une réserve permettant de se passer de nourriture au cours de la sortie, d’où un gain de temps appréciable, tout en terminant minces et sveltes. Que demander de plus ?

Bien entendu, il y a eu alternance entre périodes de repos intensif avec marche d’une heure quotidienne à un train de sénateur à moins d’un kilomètre du domicile, mais aussi un entraînement plus poussé : à l’aide du GPS, (qui pour une fois, ne sert pas qu’à se diriger par beau temps), parcourir exactement le périmètre du cercle d’un kilomètre de rayon autour du domicile, et quelles que soient la nature et la configuration du terrain, et en alternant le sens de rotation évidemment. Tout cela en restant en contact avec le sol, car n’est pas Icare qui veut.

Je vous laisse imaginer les sorties commando que cela peut donner, et la vitesse de progression nécessaire pour tenir dans l’heure, vitesse que je vous invite à calculer après avoir épousseté vos lointaines et peut-être fragiles connaissances en géométrie euclidienne.

Bien entendu, ces sorties étaient préparées par des semi-marathons autour de la table de la cuisine, et parcours du combattant en passant tantôt au dessus tantôt en dessous de tous les meubles de l’habitation. Quelques dégâts matériels sont à déplorer, mais au moins il n’y a plus une trace de poussière sous les armoires et les commodes.

Voilà pour la préparation physique, venons-en aux moyens techniques, car il fallait d’abord se déplacer jusqu’au lieu de la sortie, tout en évitant soigneusement que nous soyons repérés par les forces de l’ordre.

Pour cela, après avoir envisagé plusieurs hypothèses, nous optâmes finalement pour le véhicule électrique, qui présentait l’avantage du silence et de l’absence d’odeur, le trajet se faisant par une nuit sans lune et tous feux éteints, le conducteur étant bien sûr muni de lunettes infrarouge lui permettant de voir comme en plein jour, en usant de ses talents reconnus de pilote sur des routes totalement désertes.

J’oubliais de préciser que le véhicule était peint en couleur sombre camouflage. Ainsi, grâce à un niveau de furtivité égal à celui du Rafale,

le trajet s’est effectué au nez et à la barbe de la maréchaussée, dont nous avons pu franchir plusieurs postes de contrôle sans même qu’ils se doutent de notre passage à quelques mètres d’eux dans un silence presque complet, sans faire plus de bruit que le vol d’un papillon de nuit ou un pet sur une toile cirée.

Nous avions même mis en œuvre un stratagème supplémentaire en cas de présence gendarmique au bord de la route : passer les postes de contrôle en marche arrière, ce qui nous aurait permis, si nous étions interceptés, de prétendre avec aplomb que nous roulions dans la direction opposée et qu’au lieu de s’éloigner de notre domicile, nous nous en rapprochions.

Pour autant, il n’était pas question pour nous de passer outre les mesures de précaution et les gestes barrières. Le port du masque, la respiration à l’aide d’un tuba relié à l’extérieur, l’emballage des passagers avec film plastique furent unanimement considérés comme indispensables pendant le trajet.

De plus, les véhicules utilisés furent aménagés de telle sorte que la distance minimale d’un mètre entre les visages des personnes, points d’entrée et de sortie du virus, soit respectée.

Le siège passager avant deux fut donc fixé à l’envers au plafond, et de même à l’arrière du véhicule derrière le conducteur. Ainsi, sur les quatre occupants du véhicule, deux se trouvaient la tête en bas, les positions étant alternées pour ménager la circulation sanguine dès que le visage des culs-par-dessus-tête s’empourprait au-delà d’une couleur déterminée d’après un nuancier RAL très précis.

Arrivés sur place à Saint Gervais, les véhicules furent bien entendus cachés, dans la grotte située derrière la chute d’eau, comme dans Goldorak.

A partir de là, c’est la force musculaire qui entra en jeu, alliée à une détermination sans faille.

Pour rejoindre le Nid d’Aigle, nous utilisâmes la voie ferrée du petit train, grâce à une draisine à bras comme on en voit dans Lucky Luke,

et construite par nous d’après les plans du rover lunaire des missions Apollo, avec quelques modifications de notre cru.

Grâce à la légèreté et à l’efficacité de cet engin, la montée jusqu’au Nid d’Aigle ne fut qu’une formalité, en faisant usage de la technique de pompage éprouvée des Shadoks.

Et tout s’était passé sans anicroche depuis le départ, pas le moindre cheveu sur la soupe de notre organisation parfaitement huilée.

« J’adore quand un plan se déroule sans accroc » disait Hannibal Smith dans l’Agence tous risques.

Invité Jeu 14 Mai - 9:58

Les bras ont bien travaillé. Aux jambes, maintenant, de participer à l’ascension. On s’engage sur le chemin qui monte en lacets vers le sud en direction du refuge du Nid d’Aigle, dans le but de monter vers la cabane des Rognes, mais il y a vraiment eu de neige, et comme on est venu pour monter à ski, on continue tout droit pour trouver le glacier de Bionnassay.

On reste sur le bord, on ne s’encorde pas, parce qu’on a oublié les cordes. Et alors ?

Dans la vallée, on ne met pas de masque, parce qu’il n’y en a pas ! C’est pareil, non ?
On fait gaffe quand même, et on arrive à un couloir à gauche assez pentu, qui justifie l’utilisation des crampons. Je n’ai pas pris les gros bien lourds en aciers, mais j’ai toujours les petits en alu dans le sac…

Je cherche, je cherche… Meeeeerde ! Oubliés dans le coffre de la bagnole ! Pas grave, je sors trois ficelloux, deux bouts de chambre à air de 28-559 de chez Schwalbe, et quatre zip-ties que j’attache à mes couteaux (que je n’ai pas oubliés par contre), je colle ça sous les semelles, et vas-y !

Impeccable. Non seulement ça accroche d’enfer, mais en plus c’est léger et ça fait un joli bruit quand je touche un caillou ou un bloc de neige bien dure…

La pente devient plus douce, on aperçoit sur la droite le refuge de Tête Rousse , perché sur son arête rocheuse.

Là, il s’agit de passer discret, en mode FFOMEC… des fois que des Forces Gouvernementales soient postées en surveillance…

Bizarrement, d’ailleurs, alors qu’on n’avait vu aucune trace jusqu’alors, il semble qu’aux alentours du refuge il y en ait bien plus… On décide de passer derrière, tant pis si on prend un peu de risques car c’est gazeux, pas question de se prendre une prune pour une histoire d’attestation dérogatoire…

On attend donc que la nuit tombe, pour ne pas se faire repérer. C’est aussi bien, ça nous évitera de voir le vide derrière et d’avoir les miquettes…

Un peu chaud, la traversée, mais on est passé !

On traverse le glacier en suivant la ligne de niveau, dans une pénombre qui devient de plus en plus profonde. On commence à être un peu naze, surtout moi avec mon âge avancé. Mais impossible de s’arrêter ! On ne peut quand même pas monter la tente, juste en face du refuge ! Le premier truc que les occupants verront, c’est cette tente MSR rouge pétant qui se découpe sur le blanc environnant !

Alors on continue, on hésite un peu sur la direction à suivre. Disciple, qui n’est vraiment pas un geek, nous fait le coup de la boussole et de la tangente à la courbe. Mais il a du mal, car dans le noir c’est pas facile, surtout quand on manque d’entraînement : car Disciple ne sort JAMAIS par temps de brouillard !!

Finalement, on retrouve notre direction, en utilisant l’appli AtlasQuest (développée à Marrakech) qui fonctionne hors connexion (il va sans dire que nos smartphones sont soit éteints, soit en mode avion de manière à ne pas borner sur les émetteurs de la vallée).

On trouve le départ du Grand Couloir qui est orienté Ouest-Est. La nuit est maintenant bien noire, la Grande Ourse est presque au dessus de nous, l’Étoile Polaire pile sur notre gauche. On ne peut pas se gourer.De temps en temps, on s’aide à monter en tirant sur un câble qui des fois sur plusieurs dizaines de mètres sort de la neige.

L’ascension est assez longue, mais le regel de la nuit fait que ça ne parpine pas, contrairement à d’habitude où il faut faire gaffe dès la fin de la matinée.

Bref, on arrive bien crevés en haut. Sur notre gauche se détache la silhouette de l’ancien refuge du Goûter. On se fait une pause, on repartira à l’aube.

On sort les pelles, les couvertures de survie, et on se fait un trou dans une congère, pas loin du refuge. Tant pis pour le Covid19, on fait le pari qu’il ne supporte pas l’altitude et le froid, et on se serre un peu dans notre terrier. Les pieds dans les godasses desserrées, les godasses dans le sac à dos, une couverture de survie sous les fesses : le grand confort et on ne tarde pas à s’endormir…

J’étais en train de rêver que je me baladais dans une espèce de parc. J’étais vachement costaud, surtout mes bras. Je me dandinais, à cause de mes jambes un peu torses et un peu courtes, et je me disais :

« Moi, j’m’en bats les c’ du confine… Oh putain les keufs ! Oh putain les keufs ! Merde ! J’ai pas mon attestation ! «

« Qu’est ce que vous foutez là ? Vous avez votre attestation ? »

Ça y est ! Je suis encore dans mon rêve à la con, avec leur confinement du même nom… J’ouvre les yeux, et qu’est-ce que je vois ? 4 gendarmes du PGHM en tenue, armés jusqu’aux dents, qui nous tiennent en joue, des fois qu’on s’envole. Leurs masques antivirus sont impressionnants, blancs comme le reste de leur uniforme.

Sûr, ils étaient en bas, au refuge de Tête Rousse, et il y en a un qui a du voir nos traces ce matin… C’est malin, tiens ! On n’aurait pas dû s’arrêter. Mais on était tellement fatigué !

On a vraiment l’air con. Bien sûr, qu’on ne l’a pas, l’attestation. Et pis on aurait marqué quoi dessus ? « Sortie impérative pour raison psychique à plus de 4000 mètres d’altitude et de 400 km de son domicile ? »

J’en vois un des quatre qui se marre. Il nous dit « C’est vraiment pénible, hein ? De rester chez soi et de ne pas profiter de la montagne. Nous c’est pareil ! Finalement, heureusement que vous êtes passé, sinon on restait confiné dans ce p… de refuge. Le tarot, ça va 5 minutes, mais ça ne vaut pas un coup de ski ! »

Là-dessus, ils se mettent à discuter entre eux, et celui qui a l’air d’être le Chef revient vers nous.

Il regarde sa montre, et nous dit :

« Voilà ce qu’on va faire. Vous allez au Mont Blanc ? Nous aussi, on aimerait bien y aller. Alors on vous laisse une heure d’avance, et ensuite on essaie de vous choper, mais on n’ira pas trop vite, histoire d’aller en haut. Vous êtes d’accord ? »

Tu m’étonnes qu’on est d’accord !!!

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Disciple refait son sac (le fréquentant depuis un moment, je ne l’aurais jamais cru capable d’une chose pareille). Même chose pour Mumu qui a dans le même temps refait son sac, retiré sa crème de nuit, remis sa crème de jour haute protection n°70 (je croyais que ça s’arrêtait à 50, mais apparemment non), mangé un bol de Muesli avec le yaourt qu’elle avait au fond de son sac, le tout avec le sourire !

5 minutes à peine plus tard, nous attaquions le coup de cul pour rejoindre l’aiguille du goûter. On a fait exprès de ne pas monter trop vite pour faire croire aux gars d’en bas qu’on était à bloc et qu’ils n’auraient pas de mal à nous rattraper.

Durant toute cette montée, de 3200 à 3800, nous étions en vue des gendarmes du PGHM qui ne faisaient pas signe de bouger.

On les a vu se mettre en route quand nous étions en haut et que nous sortions de leur champ de vision.D’ailleurs, une demi-heure après, ils nous ont envoyé leurs drones pour vérifier notre avancement.

On n’a pas traîné, je peux vous assurer ! Le plat après l’aiguille du Goûter, la montée sur les pente du Dôme du Goûter. Initialement, on avait prévu d’y monter, mais là, avec le PGHM au cul, on fait court en passant légèrement à gauche et rejoindre le col derrière. On s’est retourné, le Dôme du Goûter ressemblait, de ce côté là, à une taupinière de 40m de haut pas plus.

Devant nous, le Toit de l’Europe qui se découpe dans l’air matinal ! On est assez excité, du coup on se prend à faire les touristes et je sors un peu plus mon appareil photo.

La dernière ascension, le long du bord des Bosses, est très esthétique, surtout quand l'ombre du Mont Blanc s'étend vers la France. Un peu en dessous du Rocher de la Tournette, c’était assez corniché, mais la beauté du paysage nous faisait oublier le vide à notre gauche.

Montée tranquille, rien de particulier à signaler, sinon le souffle qui manque un peu, moins par l’altitude que par le rythme d’enfer que nous tenons pour échapper à nos poursuivants…

Les derniers mètres nous remplissent de fierté. Quand même, ce n’est pas rien, le Mont Blanc !
Une fois au sommet, toutes les autres montagnes et sommets que nous avions déjà gravis étaient là, une vue vraiment à couper le souffle.

On ne s’attarde pas trop quand même, on retire nos peaux vite fait, on les met dans les blousons pour ne pas perdre de temps. Quelque part, on est coincé : on ne peut pas revenir sur nos pas, ni descendre en sauvage dans la combe orientée nord, car les gars du PGHM nous verraient, et n’auraient qu’à descendre aussi pour nous cueillir.
Par chance il y a des traces en direction du col de la Brenva, on va donc descendre par là et improviser ensuite. Pas cool, ça nous éloigne de la voiture, mais bon.
Vers 4500, un petit ressaut nous cache de la vue du sommet : ni une ni deux on s’arrête, on s’écarte un peu de la piste et Disciple tombe dans une sorte de petite rimée

Il élargit, et nous fait signe qu’on peut s’y planquer tous les trois. Mumu et moi nous nous approchons du trou, en marche arrière et traînant derrière nous avec un ski qu’on a détaché et qu’on utilise comme un racle pour reboucher les traces dans la neige. Si les gars passent vite, ça peut le faire !Ça c’est une bonne technique. Disciple m’avait déjà fait le coup à vélo en Italie dans la montée du col de San Bernardo alla Cremosina, et j’avais mis du temps à m’apercevoir de sa supercherie….Et l’attente commence… Finalement, on n’avait pas trop cédé de terrain. Des bruits de dérapage sur la neige dure, des bips et des voix métalliques dans un talkie-walkie-talkie (Avez vous remarqué que partout dans le Monde, excepté en France, on appelle ça des walkie-talkies?), et les bruits qui s’éloignent. Le temps qu’ils s’aperçoivent qu’on n’est pas devant eux, ça nous permet de voir venir.
Même pas besoin de repeauter. Comme on n’a pas trop perdu d’altitude, on se fait une longue traversée dans la face nord pour rejoindre le plat à 4250 juste avant le Dôme du Goûter.

La suite est très classique. On descend pour descendre, pas vraiment pour le ski. D’ailleurs la neige est dégueu, il n’a pas neigé depuis des lustres, elle a transformé 40 fois en 40 jours, bref, on ne va pas en faire un roman.
Je sais, j’aurais aimé dire que la descente était superbe en poudreuse, etc mais l’Honneur m’impose de respecter la véracité de ce récit.
Et puis ça aurait trop fait plaisir à PBM. Je l’entends déjà : « T’as vu, Diesel, la neige des ADN ? ».
La neige était dégueu, n’y revenons pas.

Cela ne nous a pas empêché de descendre comme des dingues, car si les Gendarmes du PGHM se sont aperçus de la supercherie, ils risquent de faire demi tour, et comme ce sont des avions de chasse, de nous rattraper avant le Nid d’Aigle…
Descente d’enfer donc, au bas du glacier ça devient franchement pas bon, on retrouve le chemin de la montée, skis sur le sac, au pas de course, et hop ! Direction la gare du petit train.

On a repris la draisine. La descente s'est faite à une allure du diable, version piste de luge.

Invité Jeu 14 Mai - 10:13

N'importe quoi !!!
Vous êtes vraiment des inconscients !!! marteau

La Règle, c'est la Règle ! Lisez ceci

Par votre faute, je suis sûr que y'a plein de ptits vieux qui ont chopé le Covid dans les EHPAD ! Boulet

Tiens! je vais demander aux admin du forum de vous bannir, c'est une honte de publier des choses pareilles ! guillotine

faco Ven 15 Mai - 21:10

Heureusement que le PGHM était là sinon vous redescendiez en Italie et repartiez pour un deuxième tour gratuit.
Beau récit tout de même. Pour la prochaine je vous conseille de lire "Les Furtifs" d'Alain DAMASIO avant de partir. Ca vous donnera des idées supplémentaires!!
A très vite Trinquons

**jièpheté** Ven 15 Mai - 21:11

De mon côté, je vois deux hypothèses principales sur l'origine de ces publications faites par des inconnus.
La première, c'est qu'il s'agit du plagiat d'un récit d'ascension de W.A.B. Coolidge, vaguement déplacé dans l'espace et dans le temps, en remplaçant le choléra par le coronavirus, et la reine Victoria par le Président Macron.
L'autre hypothèse, c'est que c'est basé sur une nouvelle écrite par Samivel et Jean Dutourd, lors d'une soirée fondue savoyarde bien arrosée de Chignin et de génépi. Peut-être même que Jean d'Ormesson était présent, ainsi que Pierre Mazeaud vu les détails montagnesques.

**jièpheté** Ven 15 Mai - 21:22

Mais on peut aussi supposer que les auteurs, tout en étant des athlètes de premier plan et des skieurs chevronnés, sont aussi des héllénistes fins connaisseurs de la République de Platon ainsi que de l'Illiade et l'Odyssée, et pour qui La Peste de Camus est aussi une référence.

Invité Ven 15 Mai - 23:18

Les furtifs... On a lu, Mimi et moi. C'est vrai, de vraiment bonnes idées, de la jubilation linguistique, mais au bout du compte un peu trop. 200 ou 300 pages de trop pour ce pavé dans lequel, à certains moments, Damasio "s'écoute écrire".
Dans un genre similaire, un peu plus réaliste, il y a "Retour aux Baronnies" dont l'action se situe bien sûr aux alentours de Buis.

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**jièpheté** Sam 16 Mai - 9:06

Il se regarde écrire, tu veux dire !
Tiens, quand j'aurai terminé l'oeuvre d'Aristote, faudra que je lise ce bouquin...

Invité Sam 16 Mai - 12:09

Je peux te le prêter...

faco Sam 16 Mai - 22:45

En tous cas les auteurs de ce récit ont eu accès à des moyens dignes d'une superproduction américaine ce qui dans ces temps durs pour la culture relève également de l'exploit. Tout est grandiose, les décors, les acteurs, les effets spéciaux jusqu'à la postproduction. Bravo aux leveurs de fonds!!

Invité Dim 17 Mai - 10:00

Tu as bien vu, Faco.
Un film de cette épopée montagnarde secrète a effectivement été réalisé, et il était prévu qu'il serait présenté au festival de Cannes dès ce printemps en tant que film d'auteurs-acteurs-réalisateurs.
Mais, après étude de plusieurs modes d'organisation alternatifs, le festival de Cannes 2020 a finalement été annulé pour cause de crise sanitaire du Covid-19.
Vous pouvez donc considérer ce récit et les quelques images qu'il contient comme la bande-annonce publiée en avant-première, et nous sommes actuellement en discussions pour que le film soir présenté lors d'un autre festival plus tard dans l'année.
Nous vous tiendrons bien entendu au courant.

**jièpheté** Lun 18 Mai - 9:48

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Invité Mer 20 Mai - 11:56

Je vois que nous avons oublié de signaler une ruse que nous avions envisagé en cas d'interception par les forces de l'ordre : c'est de nous faire passer pour des sourds-muets, non francophones et illétrés, afin de rendre la communication impossible et continuer notre route en donnant l'impression de ne pas comprendre leurs injonctions de faire demi-tour.

Malheureusement, lorsqu'ils nous ont découvert au moment où nous nous y attentions le moins, et devant leur aspect impressionnant,

la surprise et l'effroi nous ont fait oublier de recourir à notre stratagème.

**Mimi** Mer 20 Mai - 15:34

Rhô, les salauds con-finés ! Un weekend à la montagne et vous m'avez rien dit?? Pendant que je m'efforçais péniblement à faire chaque jour des abdos-fessiers dans mon appart ou à tourner dans mon quartier comme un hamster engraissé, vous vous amusiez dans les Alpes. Pff...et puis, c'est qui la nana qui vous a accompagné? scratch

**jièpheté** Mer 20 Mai - 16:27

Va savoir, et c'est peut-être même un gars avec une perruque.
De mon côté, je me demande surtout si toute cette histoire n'aurait pas été fortement enjolivée, et qu'en réalité cette sortie de Pieds Nickelés se soit terminée piteusement dans une sorte de retraite de Russie.

**jièpheté** Mer 20 Mai - 16:41

A moins que ça n'aie fini ainsi :

Invité Dim 24 Mai - 8:37

Sympa, cette référence au col de San Bernardo alla Cremosina dans ton récit, mon cher Diesel.
En plus du souvenir d'un agréable séjour pour ceux qui en étaient, ça rappelle aussi qu'il y a d'autres activités que le ski.
Et pour les amateurs de vélo, les alentours du lac d'Orta sont formidables (à part le revêtement routier par endroits).
Pour les marcheurs, je pense que le parc national de Valgrande, au dessus du lac Majeur, est à découvrir sur plusieurs jours. Très sauvage, a priori.
Et après l'effort, le réconfort avec les délicieuses Gelati alla Cremosa !

Invité Jeu 28 Mai - 20:14

Pour répondre aux doutes et aux insinuations de @realJièpheté dans ses tweets à propos de la véracité de ce compte-rendu, je confirme que l'ascension s'est déroulée comme le raconte notre condisciple bruyamment émetteur de particules fines, et que le dénouement qu'il relate est strictement conforme à la réalité.

Rien qui puisse ressembler à la retraite de Russie sur la musique de Benny Hill, cette expédition fut un succès total malgré les embûches.

Ce qui est d'autant plus remarquable que, lorsque les gendarmes nous ont surpris et réveillés, en pointant leurs armes dans notre direction, un frisson m'a parcouru l'échine, et en pensant au tableau Tres de Mayo de Francisco Goya, j'ai bien cru que notre dernière heure était arrivée.

**jièpheté** Ven 29 Mai - 13:21

Dans ce cas, peut-être qu'eux, de leur côté, se sont souvenus de Jean Ferrat :
"Mon frère, mon ami, mon fils, mon camarade, ....
.... Marin, ne tire pas sur un autre marin !
Ils tournèrent leurs carabines,
Potemkiiiiiiine "

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Ils ont bravé le confinement !

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Le voyage

La course (les courses ?)

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