Cinq jours dans les Cerces - Février 2020

Lundi 17 :
Un Ibis à Chales les Eaux nous permet d'être à une heure et demie de Bonnenuit, où nous laissons la Twingo. On a pris notre temps, on n'est pas pressé, on chausse vers midi pour monter à plat la route du Galibier jusqu'à Plan Lachat où nous obliquons sur la gauche. Ça se redresse à peine jusqu'aux Mottets, où là, ça commence un peu à monter. Col de la Paré, les bâtiments militaires, col des Rochilles. Il fait beau, y'a plein de neige, c'est le pied !



On traverse les deux lacs après avoir retiré les peaux, ce qui nous oblige à remonter en escalier les 10 mètres du verrou du Lac Rond, et ensuite, c'est la descente dans une neige pas terrible jusqu'au refuge des Drayères.
Nouveauté : on doit laisser les sacs à l'entrée, et mettre les affaires dans des caisses en plastique. J'aime pas trop ça ; mon sac est peut être le seul endroit au monde où mes affaires sont rangées, ça me perturbe un peu, me rappelant la psycho-rigide gardienne du refuge d'Argentières...
Après coup, on saura que c'est pour limiter les risques d'infestation des chambres par les punaises de lit... Donc finalement une mesure bien compréhensible...
Le gardien, Boris, est un peu brut de décoffrage mais super sympa et rigolo. On s'installe, comme le refuge n'est pas plein on a un dortoir de 6 pour nous tous seuls…
Mardi 18
Le lendemain, le temps est au beau fixe, on fait le tout de la Crête de Moutouze, une grande classique du coin, que j'ai déjà faite, sauf que là on la fait dans le sens contraire, c'est à dire le sens antihoraire. On monte donc par le vallon des Sagnes Froides, on ne passe pas le col à 2726, mais on continue un peu à droite pour nous trouver en bas de la pente Sud de la Pointe des Cerces.

C'est une pente qui se redresse au fur et à mesure qu'on prend de l'altitude. On reste en bas, on redescend par le vallon bordé par les Rochers de la Moulinière. La neige est bonne jusqu'au dévers qui surplombe le Lac des Béraudes, que nous prenons en traversée sur de la neige très dure et gelée (pour ne pas dire de la glace...). L'avantage à faire ce tour dans ce sens, c'est justement d'éviter de monter cette traversée assez longue, toujours gelée -couteaux obligatoires-, bien inconfortable, alors qu'en descendant on est plus sûr et surtout ça dure beaucoup moins longtemps.

Après le lac, la neige redevient extra, et nous prenons les pentes dans les combes jusqu'à la Clarée. On aurait pu traverser pour éviter de remonter par la route, mais un petit coup de ski en bonne neige vaut bien la peine de tirer un peu les peaux sur la route.
Rentrés un peu tôt au refuge, beau temps, pas envie de rentrer à l’intérieur. Boris et Esther nous prêtent des pelles à neige, et nous voilà à déneiger la terrasse…
Mercredi 19
Vraiment, vraiment mauvais temps…. On a prévu d’aller à Re Magi, au bout de la Vallée Étroite. Comme la visibilité au niveau du refuge n’est pas trop mauvaise, on tente… Mais peu à peu, ça se bouche, on ne voit vraiment plus rien. Heureusement qu’on a nos smartphones avec Alpinequest… On a mis le mode enregistrement de trace, on a déclaré le Col des Muandes comme cible, si bien qu’après avoir marché tout droit pendant 100 mètres, on a une direction que l’on peut comparer avec celle de la cible. Un peu plus à droite, tout droit…
En faisant de plus en plus de relevés, car a visibilité s’est fortement dégradée, on arrive au Col où c’est la vraie tempête : ça souffle vraiment très fort, la neige passe à l’horizontale et on ne voit pas à 10 mètres du côté italien. Pas vraiment des conditions cool , d’autant plus que la neige s’est accumulée sur les versants Sud, donc pile là où on doit descendre. On décide donc prudemment de faire demi-tour…
Retour aux Drayères, annulation de notre nuitée à Re Magi.
Pas de photos bien sûr, il ne faisait pas un temps à mettre un appareil dehors..



Jeudi 20
Grand Beau de nouveau. On décide d’essayer de faire le Thabor, bien que ce ne soit pas très aisé depuis les Drayères.

On repasse le Col des Muandes, on descend un peu sur la Vallée Etroite pour essayer de retrouver la voie « normale » qui passe bien à l’Est. Pour cela, on descend vers 2400m, en dessous du Lac du Chardonnet. On fait une traversée pour remonter au Lac Blanc, puis on remonte le large vallon qui mène au habor par la face Sud, depuis le Col de la Chapelle.

Mais 700 m depuis les Drayères jusqu’au Col des Muandes, plus les 500 de remontée dans le vallon, tout ça dans 2à cm de neige et sans trace, ça use un peu, et arrivés au Col de la Chapelle, on regarde le Thabor, là, pas bien loin, qui nous nargue 200m plus haut, et on décide de rentrer.
Une traversée dans une pente avec de la meige bien dure pour tenter de joindre le Col de Valmeynier (en fait on repeaute pour une vingtaine de mètres de dénivelé manquant). De l’autre côté, une belle pente plein sud, en poudre, que l’on prendra après avoir cheminé vers l’Ouest sur la crête, histoire de trouver un terrain plus sécure…
Belle descente donc jusqu’au plat situé à 2700 m, et on repasse le Col des Muandes dans l’autre sens  (100 mètres de plus en D+).
Descente cool ensuite sur les Drayères, avec une neige sympa, mais avec un terrain assez peu pentu.
Dernière nuit aux Drayères

Vendredi 21 On est parti dans les derniers, sur les conseils de Boris : avant huit heures, c’est la bourre, la cohue des groupes. La salle du bas du refuge ressemble à une fourmilière, ça se croise à grand peine, ça bouchonne dans le local à godasses. A huit heures tout le monde ou presque est parti. On se retrouve cool dans la grande salle avec Boris, Esther et une aide-gardien qui est venue pour le we. On peut apprécier le paysage de la vallée de la Clarée, grâce à nos efforts de déneigement qui ont contribué à dégager la vue devant les baies vitrées. On décide de partir plein Est dans la pente pour passer par un col situé entre le Pain de Sucre et la Pointe du Riou Blanc. Beaux paysages très sauvages. On passe le col, et on descend sur le Petit Lac de la Clarée. On remet les peaux pour passer le verrou du Lac Rond, que l’on traverse pour nous engager dans un vallon qui mène au Col des Cerces, plein sud. Sur des bouquins des premières ascensions des montagnes du coin (Coolidge et Cie), on a vu que ce vallon était appelé par les gens du coin « Combe à Mimi ».

Impossible de ne pas aller y jeter un œil, d’autant plus que cet itinéraire nous fait passer en bas de la face Nord de la Pointe des Cerces, que nous espérons bien gravir un de ces quatre. A ce qu’il paraît, la vue y est exceptionnelle : W.A. Coolidge, à sa première ascension, y serait resté 1h10 à contempler le panorama, alors qu’il étai parti déjà bien tard pour rentrer à pied à Valloire…
Pas à dire, la face de la Pointe des Cerces n’est pas une promenade de santé.. Des passages bien pentus à passer en crampons, d’autres un peu expo…

Lac des cerces, très belle descente en poudre (orientation NNE) jusqu’à la Twingo qui nous a attendus bien sagement…


On prend la route pour Aix-les-Bains, où on a rendez-vous avec Laurence et Olivier, un couple que l’on avait rencontrés l’an passé dans le Queyras… Mais ceci est [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]...